• François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné

    François MIGORET, Curé de Laval, frère de René MIGORET, mon sosa 556,

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné

    François MIGORET à été guillotiné à Laval, pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé.

    Le texte de ce serment élaboré par l'Assemblée nationale constituante, le 27 mars 1790, était le suivant :

    « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse [ou du diocèse] qui m'est confiée, d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi. »

    Dictionnaire de l'abbé Angot: François MIGORET né le 28 août 1727 à Lassay (53) , tonsuré an Mans le 4 juin 1751, séminariste à Domfront en 1752, et ordonné prêtre en 1753, fut d'abord vicaire d'Oisseau et directeur du petit collège paroissial, jouissant aussi de la chapelle de Loré.
    A Rennes-en-Grenouilles, dont il devint curé en 1777, il appela sa sœur, veuve sans enfants, avec laquelle il se dévoua à tous les intérêts religieux et temporels de ses paroissiens, faisant l'école et un peu la médecine.
    Il avait subi une attaque de paralysie et ses facultés étaient un peu affaiblies.
    On lui fit prêter un serment qu'il rétracta, mais qui lui permit cependant de rester dans sa paroisse jusqu'à Pâques 1792.
    Emprisonné aux Cordeliers, puis à Patience, il écrivit plusieurs lettres à sa famille et à ses paroissiens pour les affermir dans la foi.
    Le 21.1.1794, on le transporta dans une charrette devant la Commission révolutionnaire où il reconnut Volcler, son ancien élève. Il lui reprocha avec énergie son ingratitude , son apostasie et eut comme ses compagnons, le jour même, la grâce et la gloire d'une sainte mort. Pie XII les déclara Bienheureux le 19 mars 1955.

     

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    Quatorze prêtres guillotinés à Laval le 21 janvier 1794.

      

    Arrêté du 2 pluviose an II :

    « * JUGEMENT du deux pluviôse l'an second de la République française une et indivisible.

    • Au nom de la République, la commission révolutionnaire, établie dans le département de la Mayenne, par les représentants du peuple, a rendu le jugement suivant:
    • Vu l'interrogatoire de René-Louis Ambroise, prêtre, né et domicilié commune de Laval; de Joseph Pelle, aussi prêtre, né et domicilié de la même commune ; à Augustin-Emmanuel Philippot, prêtre, né à Paris, et ci-devant curé de la commune de la Bazouge-des-Alleux; de Jean-Baptiste Triquerie, ci-devant cordelier, de la commune de Laval; de Jean Turpin du Cormier, né et ci-devant curé de la même commune; de François Migoret, né à Lassay, ci-devant curé de la paroisse de Rennes, district dudit Lassay ; de Julien-François Morin, prêtre, né à Saint-Fraimbault-de-Prières, ci-devant demeurant à St-Vénérand de Laval ; de François Duchesne, prêtre, né dans la commune de Laval, ci-devant chapelain à Saint-Michel, même commune ; de André Duliou, né à Saint-Laurent-des-Mortiers, ci-devant curé do Saint-Fort, district de Château-Gontier ; de Jacques André, né à Saint-Pierre-Ia-Cour, district de Sillé, ci-devant curé de Rouessé-Vassé; de Louis Gastineau, prêtre, né à Loiron, district de Laval, demeurant ci-devant au Port-Brillet ; de Jean-Marie Gallot, prêtre chapelain, né et domicilié de la commune de Laval ; de Julien Moulé prêtre, né au Mans, ci-devant curé de la commune de Saulges ; et de Pierre Thomas, né au Mesnil-Rainfray, ci-devant aumônier de l'hôpital de Chàleau-Gontier.
    • Par lequel il est prouvé que, requis par la loi de prêter le serment exigé des fonctionnaires publics, prêtres, par l'assemblée constituante, et celui de liberté et d'égalité exigé de tous les républicains français, par la Convention nationale, et que requis encore une fois de le prêter devant le tribunal, ils s'y sont constamment refusés. Sur ce, considérant que ces individus, par le refus opiniâtre de se conformer aux lois de la république, de les reconnaître et de les observer, sont coupables de conspiration secrète contre la souveraineté du peuple français, conspiration d'autant plus dangereuse que, présentée sous les couleurs séduisantes de l'hypocrisie et du fanatisme, elle pourrait induire en erreur un peuple crédule, toujours facile à séduire dans ses opinions religieuses ; enfin que les principes que ces hommes professaient ouvertement étaient les mômes qui ayaient allumé dans l'intérieur de la république la guerre désastreuse de la Vendée;
    • La commission révolutionnaire provisoire, entendu le citoyen Volcler, accusateur public, en ses conclusions, condamne à mort, lesdits Ambroise, Pelle, Philippot, Triquerie, Turpin du Cormier, Migorel, Morin, Duchzsne, Duliou, André, Gastineau, Gallot, Moulé et Thomas, et ordonne que le présent jugement sera exécuté sur le champ, et qu'en couformité de la loi, leurs biens, meubles et immeubles sont et demeurent acquis et confisqués au profil de la république.
    • La même commission révolutionnaire, vu l'interrogatoire de René Sorin, né à Saint-Paul-Monpinson, district de Challans, département de la Vendée; celui de François Drapeau , laboureur, de la commune de Beau-Repaire, district de Chollet; de Charles Auvinel, laboureur, de la commune de Saint-Pierre de Chollet; de Joseph Verdeau, menuisier, de la commune de Sainte-Cécile, district de la Roche-sur-Yon; de René Cadi, domestique, de la commune de Rochefort-sur-Loire, district d'Angers ; enfin de François Chéfière, de la commune de Ménil district de Chàteau-Gontier ;
    • Par lequel il est prouvé que les cinq premiers ont fait partie des brigands de la Vendée, et ont participé aux meurtres et pillages commis par eux dans les lieux qu'ils ont désolés, et que les soupçons qu'on avait formés sur le compte de ce dernier étaient mal fondés ;
    • Entendu l'accusateur public en ses conclusions , et en exécution de la loi du dix-neuf mars mil sept cent quatre-vingttreize ;
    • Condamne à mort lesdits Sorin, Drapeau, Auvinet, Verdeau et Cadi ;
    • Déclare en outre, en conformité de la même loi, leurs biens, meubles et immeubles acquis et confisqués au profit de la république, et acquitte et met en liberté ledit Chéhère, sous la surveillance exacte de la municipalité et du comité révolutionnaire de sa commune.
    • Et seront les présens jugemens imprimés, publiés et affichés partout où besoin sera.
    • Fait et prononcé à l'audience publique de la commission révolutionnaire provisoire où étaient présens les citoyens Jean Clément, président; Faur, Pannard et Marie, juges, qui ont signé avec le secrétaire greffier.
    • À Laval, le deux pluviôse l'an second de la république française une et indivisible , et le premier de la mort du tyran.
    • Volcler, accusateur; Franklin-Guilbert, secrétaire greffier; Pannard, juge; Clément ; Faur, juge ; Marie, juge. ».

         Seurce: wikiwand.com



    Le 21 janvier 1794, juste un an après Louis XVI, quatorze prêtres furent guillotinés à Laval puis jetés dans une fosse commune à la Croix Bataille.


    • Le roquet de Patience.


    En Octobre 1792, quatorze prêtres lavallois réfractaires (qui refusaient de prêter serment à la Constitution civile du clergé) sont emprisonnés au couvent de Patience où ils ne bénéficient que de deux heures de visite par mois. Ne sont admis à les voir que les frères et sœurs obligatoirement assistés par le concierge du lieu.

    • Le "Rasoir national".


    Le 13 décembre 1793, la guillotine est installée à Laval, place du Blé (actuelle place de la Trémoille) près du Tribunal révolutionnaire.
    A partir du 9 janvier 1794, tous les cultes sont interdits en France. L’église de la Trinité de Laval est transformée en"étable et magasin de fourrage" pour l’armée, puis, plus tard, en Temple de la Raison.
    Le 21 janvier 1794, à 8h30, les quatorze prêtres franchissent le seuil du tribunal où ils vont être jugés par la Commission révolutionnaire. Dix marchent péniblement et quatre sont dans une charrette ; cinq d’entre eux ont plus de 70 ans.
    Entre le 5 janvier et le 2 novembre 1794, en 150 audiences, cette Commission prononcera 328 peines de mort.

    L’accusateur public, Volcler, un ancien prêtre apostat, leur demande une dernière fois de prêter serment. «Aidé de la grâce de Dieu, je ne salirai pas ma vieillesse», lui répond le Père Philippot, 78 ans.
    «Quoi, c'est toi Volcler qui demande ma mort ? Toi que j'ai accueilli dans ma maison, admis à ma table, que j'ai tendrement aimé...», ajoute le père Migoret.
    Ils sont exécutés après avoir été empêchés par leurs gardiens de chanter ensemble un dernier "Salve Regina". Ils seront suivis de 5 vendéens qui comparaissaient eux aussi en tant qu’ennemis de la République.
    Les 4 juges, dont 2 prêtres renégats, qui assistent à l’exécution de la fenêtre d’un immeuble voisin, boivent un verre de vin rouge à chaque tête qui tombe et encouragent la foule à crier avec eux: «Vive la République, à bas la tête des calotins !».

    • La réhabilitation.


    Les corps des 14 prêtres, tout comme les défunts du moment, sont jetés dans une fosse commune, à Avesnières, dans une lande nommée "La Croix Bataille" sur la route d’Entrammes.
    Dès le jour de leur exécution, les prêtres sont vénérés comme des martyrs ; on envoie des enfants tremper des mouchoirs dans leur sang.
    En 1803, un rapport de gendarmerie signale des pèlerinages, allant de 50 à 600 personnes, à la Croix Bataille, près de la fosse commune où ils ont été ensevelis.
    Le 6 août 1816, suite aux démarches du curé d’Avesnières, les corps des 14 martyrs sont exhumés et déposés dans la chapelle Saint Roch du cimetière paroissial d’Avesnières. Le 9 août, ils sont transférés dans le transept sud de l'église d'Avesnières, au pied d'un monument.
    Une chapelle expiatoire est dressée à la Croix Bataille à la mémoire du prince de Talmont et des autres victimes de la Révolution. Le bâtiment est détruit en 1869.
    En 1945, Max Ingrand dessine un vitrail pour la basilique. Les 14 prêtres y sont symbolisés par 14 palmes.
    Le 19 juin 1955, le pape Pie XII béatifie les 14 prêtres ainsi qu’un curé et quatre religieuses également guillotinés en 1794. Les corps sont transférés dans le chœur de la basilique.
    En 1989, une plaque est apposée Place de la Trémoille en souvenir des 14 prêtres martyrs.
    Le 12 Avril 2009, Mgr Thierry Scherrer, Evêque de Laval, en présence de Monsieur Benezech, architecte en chef des Monuments Historiques de la Mayenne, bénit en la cathédrale un nouveau vitrail représentant le martyr de 14 prêtres mayennais.
    Ce vitrail, réalisé par Didier Alliou, est situé au chevet de la cathédrale, près de l’autel du Saint Sacrement.

    Les quatorze prêtres guillotinés le 21 janvier 1794 :
    - Jean-Baptiste Turpin du Cormier
    , 64 ans, curé de la Trinité, reconnu comme le responsable, sera exécuté le dernier à la demande de Volcler, l’accusateur public.
    - Six curés : Jacques André, 50 ans, André Dulion, 66 ans, Louis Gastineau, 66 ans, François Migoret-Lamberdière, 65 ans, Julien Moulé, 77 ans et Augustin-Emmanuel Philippot, 77 ans.
    - Quatre aumôniers : Pierre Thomas, 75 ans, chez les Augustines de Château-Gontier, Jean-Marie Gallot, 46 ans, chez les Bénédictines, Joseph Pelé, 74 ans, chez les Clarisses, et Jean-Baptiste Triquerie, 57 ans, diverses maisons franciscaines.
    - Trois hors ministères : René-Louis Ambroise, 74 ans, Julien-François Morin de la Girardière, 64 ans, et François Duchesne, 58 ans.

    Cinq autres martyrs exécutés au cours de l’année 1794 :
    - Le 5 février : Françoise Mezière, laïque donnée à l’instruction des enfants et aux soins des malades. Elle a soigné deux Vendéens qui l’ont dénoncée. Arrêtée, elle est conduite à Laval et exécutée.
    - Les 13 et 20 mars : Françoise Trehut et Jeanne Veron, religieuses de la Charité Notre-Dame d’Evron. Fidèles à leur mission de soigner, elles ont secouru ceux qui en avaient besoin : “Bleus ou chouans, tous sont mes frères en Jésus-Christ”.
    - Le 25 juin : Marie Lhuilier, soeur converse des Augustines de la Miséricorde. Toute dévouée aux malades.
    - Le 17 octobre : Jacques Burin, prêtre. Il a été curé de St-Martin de Connée. Arrêté à la suite du refus de serment, il est condamné à s’exiler à plus de dix lieues. Il entre en clandestinité. En octobre 1794, deux femmes de Courcité veulent se convertir et se confesser. Malgré les conseils de prudence, il répond à cet appel : c’est un traquenard. Il est tué d’un coup de fusil.
    Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, dernier comte de Laval.
    Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, est jugé à Vitré, le 26 janvier 1794. Il subit un interrogatoire qu'il refuse de signer et est immédiatement condamné à mort.
    Le 27 janvier 1794, six chevaux d'artillerie sont réquisitionnés afin de le conduire à Laval.
    Jean Chouan fait, dit-on, une tentative pour le sauver, mais il a été mal renseigné.
    Le convoi, fortement escorté, arrive à Laval à la nuit tombante. L'échafaud est dressé devant l'entrée principale de son château. L'exécution a lieu aussitôt.
    On fait subir à sa tête différents outrages. Vidée par un chirurgien nommé Tellot, elle est placée sur un chandelier par Jean-Louis Guilbert, ancien prêtre et membre de la Commission révolutionnaire, puis elle est mise sur une pique et exposée, ainsi que celle de son intendant, au-dessus des grilles du château.
    Le surlendemain, la tête du prince est enterrée dans la cour du château.
    Le corps du prince resta jusqu'au lendemain sur le lieu du supplice. Le 28, au matin, on jeta son cadavre dans le tombereau ensanglanté pour le conduire dans les landes de la Croix Bataille.
    Sa tête aurait été mise dans le caveau familial lors de l'inhumation de son fils, mort en 1815.
    La place où il fut guillotiné porte aujourd’hui son nom.

    Plan de Laval à la fin du XVIIIème siècle - Parcours des condamnés.



    Le 21 janvier 1794, à 8 h 30, les quatorze prêtres quittent le couvent de Patience. « Ils descendirent de la rue de la Pudeur (rue du Cardinal Suhard), à la place de l’Egalité (Carrefour aux Toiles), prirent les rues de la Raison (rue Renaise) et du Dévouement (rue des Béliers), traversèrent la place des Arts (place Saint-Tugal) et le carrefour de l’Union (ancien carrefour Mazure), montèrent la rue Fabricius (rue du Pilier-Vert) qui conduisait à la place de la Révolution (place de la Trémoille) où ils furent guillotinés. »


    Affiche du jugement des 14 prêtres.


    Le lieu-dit "La Croix Bataille" au sud-est de Laval. Carte de 1808.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Tableau apposé dans l'église de l'Assomption à Ahuillé.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
       Landes de la Croix-Bataille - gravure de 1830.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Landes de "La Croix Bataille"

     
     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Bras sud du transept de la basilique Notre-Dame
    d'Avesnières consacré aux 14 prêtres martyrs.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Monument où furent inhumés les 14 prêtres en 1816 .
    Sur le monument, on peut lire les noms et fonctions
    des 14 prêtres.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Basilique Notre-Dame d'Avesnières.
    Plaque attestant du transfert des corps dans le choeur
    après leur béatification en 1955.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Cathédrale de la Sainte-Trinité. Plaque déposée en 1840 à la mémoire des 14 prêtres martyrs.

     

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Icône d'Omer de Ruyver (1990).
    L'originale est conservée à l'Evêché


     

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Plaque apposée sur l'église Notre Dame de l'Assomption à Saulges.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    L'immense fond rouge rappelle les jours sombres de la Révolution.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Sur ce fond sont peintes les paroles du "Salve Regina"
    qui fut refusé aux condamnés lorsqu'ils montèrent à la guillotine.

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    "Le rasoir national".

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    En haut du vitrail, un Christ en Gloire sur fond jaune.


     

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Bas-relief, cathédrale de la Sainte Trinité.


     

     

    François Migoret, Curé de Laval, martyr guillotiné
    Plaque apposée Place de la Trémoille en 1989, en souvenir des 14 prêtres martyrs.


     

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