• G comme Gendarme à cheval

    comme Gendarme à cheval

     

    Julien Marie KERJOANT était Gendarme à cheval, sous la IIIe République, au service du Président Mac Mahon.

    Julien Marie est né le 9 février 1847 à Camors (56330) et est décédé le 25 juin 1878 à La Foa (Arrondissement de Maraï) en Nouvelle-Calédonie, à l’âge de 31 ans.
    Il était le Cousin Germain de mon AAAGP Maternel
    Retrouvé mort lors des émeutes de Nouvelle-Calédonie en juillet 1878.

                                 Monument à Nouméa à la Mémoire des Gendarmes morts en Nouvelle Calédonie

    Récit:

    La colère gronde chez les mélanésiens poussés hors de leurs terres par le front de colonisation. En 1878 la coupe est pleine... Ataï, Grand Chef de Komalé, va devenir l'âme de la grande révolte sanglante qui a profondément marqué les colons de plusieurs générations et le monde mélanésien jusqu'à nos jours.

    • Le plan d'Ataï et des autres chefs kanaks

    L'objectif d'Ataï aurait été Nouméa. En attaquant par surprise le coeur même de la colonisation il pouvait déstabiliser profondément celle-ci. Les préparatifs furent conduits dans le plus grand secret. Plusieurs clans étaient impliqués dont ceux de Houailou et Canala. Si Ataï a été l'homme symbole de cette révolte, les promoteurs en seraient d'autres chefs et notamment Cavio chef de Nékou secondé par Dionnet chef de guerre à Bourail selon Amouroux (1881). La date, symbolique, aurait été fixée au 24 septembre, date anniversaire de la prise de possession, mais d'autres témoignages indiquent qu'elle aurait été prévue pour la fin de la récolte des ignames en juillet ou même, selon Rivière, dès le 26 juin.

    Mais un évènement imprévu va accélérer les évènements. Le 19 juin 1878 à Ouaménie, la famille Chène, gardiens de la propriété Dézarnauld est sauvagement assassinée par un groupe de mélanésiens. Chêne est un ancien forçat qui avait une femme indigène de Poquereux nommée Medon. L'Administration réagit en incarcérant 10 chefs de tribus. La pression devient alors très forte sur les mélanésiens pour agir vite. L'objectif Nouméa est abandonné. Il est remplacé par une série d'attaques visant l'ensemble du front pionnier de Poya à la Baie Saint Vincent. La Foa région de colonisation importante et abritant de nombreux clans mélanésiens est la première cible.

    • L'origine

    Avec la prise de possession en 1853 les mélanésiens ne sont plus propriétaires de leurs terres. Initialement ils n'entrevirent pas cette mainmise et comptaient profiter des richesses du monde qui les colonisaient. Jusqu'à 1858 les attributions de terres aux colons se font selon un régime d'occupation restreinte aux environs des places fortes garantissant la sécurité. Ces aliénations ont donc un impact limité sur les terres des mélanésiens et portent surtout sur la région de Nouméa.

    En renonçant en 1858 à ce système, l'Administration coloniale lance une colonisation disséminée qui va ouvrir un front pionnier allant de Nouméa à Poya. C'est l'origine d'un conflit foncier, ferment de la révolte et qui empoisonnera les relations avec les mélanésiens jusqu'à nos jours. De 1862 à 1870, sous le gouverneur Guillain, l'emprise foncière européenne passe de 27.000 à 78.000 ha. En 1877, sous son successeur, le gouverneur La Richerie qui facilite encore plus l'accaparement, le patrimoine européen atteint 150.000 ha. En assimilant les jachères à des terres vacantes qu'elle accapare l'Administration déstabilise l'économie vivrière des mélanésiens. Leur espace est désormais éclaté. Ils sont repoussés dans les hautes vallées de la chaîne sur des terrains de moindre qualité. Le bétail des colons, élevé sans clôtures, divague et détruit les tarodières, champs d'ignames et autres espaces cultivés des mélanésiens.

    Alors que jusqu'à 1869 les conflits étaient ponctuels, organisés par des chefs rebelles au colonisateur ou mécontents de leurs relations avec l'Administration coloniale, en 1878 avec la progression importante du front pionnier, le malaise atteint profondément l'ensemble de la population mélanésienne de la Grande Terre.

    • La révolte

    Le 25 juin les 4 gendarmes de La Foa sont assassinés et les canaques massacrent la plupart des colons, propriétaires et gérants, de la région depuis le Dogny jusqu'à Fonwhary en passant par Farino. Au total 40 civils sont tués. C'est ensuite au tour de Bouloupari au sud. Le 26 juin le poste de gendarmerie est détruit. La plupart des habitants sont tués. Au nord Moindou est attaquée le 21 août puis Poya les 10 et 11 septembre. Un canot de ravitaillement avec 10 hommes est surpris à l'estuaire de la rivière Poya. Les victimes sont toutes tuées et consommées. A Bourail les colons arabes sont également attaqués, erreur stratégique car ceux-ci sont de véritables guerriers et se mettent à la disposition des forces militaires de la colonie. Ils participeront à la répression avec férocité.

    • La réaction des militaires

    Au départ la résistance s'organise dans le fort Téremba où il y a une petite garnison. Il est assiégé mais les insurgés ne peuvent pas le prendre et n'insistent pas. A Nouméa c'est la panique, on croît que l'avance des insurgés va se poursuivre vers le sud. Une vingtaine de mélanésiens sont exécutés à Dumbéa (les derniers Ouamous) suite au pillage d'un magasin. Les 130 mélanésiens vivant à Nouméa sont internés à l'île Nou.

    Le commandant Gally Passeboc prend la tête de la contre offensive mais ne mesure pas l'importance des forces adverses et ne réagit pas de façon appropriée face à une guérilla où toutes les actions se font par surprise. Il est tué dans une embuscade le 3 juillet. Il est remplacé par son second Rivière qui a comprit qu'il faut employer des méthodes analogues à celles des Canaques. Toutefois, en juillet et en août les colonnes tendent à s'enliser dans une guérillas peut productive, brûlant les villages et détruisant les récoltes mais n'arrivant pas à cerner les insurgés. La construction d'un fort à La Foa, terminé le 24 août, est décisive car elle rapproche les bases des militaires français et favorise les effets de surprise. La garnison est de 80 hommes. Comprenant le danger qu'il représente le fort est attaqué par 500 guerriers, mais ils échouent.

    Parallèlement le Lieutenant de vaisseau Servan basé à Canala réussit seul avec une audace extraordinaire à retourner et rallier le grand Chef des Canala, Gélina et surtout son chef de guerre Nondo. Avec les Canala il marche ensuite sur La Foa. C'est un retournement important, les canaques sont gravement divisés.

    • La défaite des insurgés

    Le 1er septembre à Fonimoulou, les troupes françaises assistées par les canaques de Canala et par les arabes attaquent par surprise en progressant hors des sentiers canaques. Elles forment trois colonnes qui cernent le périmètre des insurgés. Ataï est surpris dans son campement par un détachement commandé par le breton Le Golleur accompagné des guerriers de Canala. Le Canala Segou, après un instant d'hésitation, ose lancer sa sagaï sur Ataï et le tue. Témoignage de la férocité de la répression sa tête fut coupée et envoyée en trophée à Paris.

    Malgré la mort d'Ataï l'insurrection continue mais les insurgés sont déstabilisés. Des renforts d'infanterie de marine arrivent d'Indochine depuis le 18 août 1978. A partir de septembre 1878 la région de La Foa-Moindou est pacifiée. Le foyer de l'insurrection est dès lors plus au nord à Poya et Bourail, mais les insurgés sont maintenant harcelés. L'insurrection est définitivement matée avec la chute de la forteresse canaque d'Adio en décembre 1878.

    • Conséquences

    Cette révolte a un coût très lourd pour les mélanésiens. Les nombreux hommes tués sont une véritable saignée représentant près de 5% de leur population. Les chefs furent exécutés sans jugement sauf un, car la répression fut féroce. L'espace des autochtones fut encore plus restreint car l'Administration confisqua les terres des rebelles. Des clans entiers furent déplacés loin de leur tertre, dans le Sud et à l'île des Pins.

    Ces confiscations, spoliations, accaparement par des moyens douteux se poursuivront et conduiront, vers la fin du XIX siècle, au cantonnement des mélanésiens dans des réserves de plus en plus étriquées. Officiellement instituées pour leur garantir un espace préservé de la boulimie foncière, elles étaient, par ignorance de leur système agraire, gravement insuffisant en espace fertile. Déstabilisée par cet épisode dramatique, le cantonnement, la destruction de ses structures coutumières, la population déjà affectée par les épidémies du début de la colonisation, va décroître dramatiquement jusqu'en 1921 où elle atteindra 16.000 individus soit la moitié de la population de 1860.

    La colonisation libre est assommée après 1878 et mettra 20 ans à s'en relever. L'impulsion colonisatrice viendra alors du bagne. Elle se traduira par une extension sans précédant de la mainmise foncière et un rétrécissement accru de l'espace des mélanésiens. Le conflit foncier résultant de tous ces accaparements entraînera d'autres rébellions, notamment en 1917 où la révolte à toutefois plusieurs autres mobiles dont la peur de l'incorporation forcée sur le front de la première guerre mondiale.
    Les spoliations, ajoutées à l'incapacité de la France, même après la décolonisation de 1956, de reconnaître l'identité et la dignité kanak seront finalement à l'origine de la revendication indépendantiste qui débouchera sur les affrontements de 1984 à 1988 et sur le statut actuel de la Nouvelle-Calédonie.

    • Chiffres

    Environ un millier de mélanésiens et 200 européens sont tués lors de ces évènements tragiques. C'est considérable pour un territoire alors peuplé d'environ 24.000 autochtones et de 16.000 européens.

     

    « Y aurait-il erreur sur l'interprétation du Réglement Européen ?H comme HUTEAU de CADILLAC »