• Jean Marie Léon SERVANTIE, Officier, déserteur, Mort pour la France, Médaille de Guerre et Légion d'Honneur

    Jean Marie Léon SERVANTIE, Officier, déserteur, Mort pour la France, Médaille de Guerre et Légion d'Honneur
    Bruno BAVEREL. Cette photographie est sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0.

    Jean Marie Léon SERVANTIE voit le jour, le 14 mai 1881,à Bordeaux, fils de Jean Marthe Xavier SERVANTIE, 30 ans, Pharmacien, et de Marie Marguerite Sophie Jeanne BERGE, 21 ans, sans profession.

    Jean Marie Léon SERVANTIE, Officier, déserteur, Mort pour la France, Médaille de Guerre et Légion d'Honneur
    AD Bordeaux/Section 2/N 1881/105/275

    • 1899 : Bachelier.
    • 1900 : Engagé volontaire, il intègre Saint-Cyr.
    • Fait Caporal le 24 août 1901, Sergent le 5 novembre 1901, Sous Lieutenant le 26 septembre 1902, Lieutenant le 1 octobre 1904,
    • Affecté en 1906 au 146e RI à Toul.
    • Suit un cours de gymnastique et d'escrime en 1907.
    • Mis en non activité pour infirmités temporaires le 23 novembre 1910.
    • Rappelé en 1912

     

     Sur le Petit Courrier d'Angers en date du 1er avril 1913, vue 2/87

     

    Un officier déserteur

      La séance du Conseil de guerre du 4e corps du lundi a été consacré à juger le lieutenant SERVANTIE, du 115e d'Infanterie, à Mamers, inculpé de désertion à l'étranger en temps de paix.
      Issue d'une très honorable famille du Bordelais, sorti de St-Cyr en bon rang, M. SERVANTI a fait de nombreuses garnisons. Sa passion du jeu l'a perdu.
      A Tours, où il servi d'abord comme sous-lieutenant, il gagna un beau soir 4.000 francs au baccara. Ce fut sa perte.
      Il joua avec frénésie et pendant dix ans, il entassa dettes sur dettes.
      Sa famille lui fit donner un conseil judiciaire.
      En 1912, devenu lieutenant, M. SERVANTIE était à Mamers. N'ayant pas d'argent, il jouait au poker sur parole. Bientôt, ses créanciers le traquèrent et, sa famille lui refusant des subsides nouveaux, il jugea sa situation inextricable.
      Le 12 février, le lieutenant quittait Mamers à destination de Bordeaux. De là, il se rendit à Barcelone. Dans le train, il but force cognac et il était ivre quand il débarqua dans la cité espagnole.
      A Tarragone, les chartreux refusèrent de recevoir M. SERVANTIE bien qu'il leur affirmât que sa vocation était irrésistible.
      Il fut plus heureux au couvent de Montalègre où il arriva exténué, ne possédant plus que 1 fr 10.
      Après quelques jours de repos, M. SERVANTIE raconta son odyssée au prieur du couvent. Celui-ci comprit vite son devoir. Il exiga de l'officier qu'il rentrât en France et lui remit l'argent de son voyage.
      Le lieutenant obéit, franchit de nouveau les Pyrénées et vint se constituer prisonnier.
      Sa défense a été présentée par Me Georges BOUVIER, dans un émouvant plaidoyer; M. le commandant ALLIX a prononcé le réquisitoire.
      Le colonel président du conseil de guerre, a été particulièrement dur pour le lieutenant SERVANTIE.
      Il lui a dit que son devoir était non pas de déserter, mais de donner sa démission, car il était indigne de rester officier français.
      Malgré cette énergique intervention du colonel, le lieutenant a été acquitté par 4 voix contre 3.

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    •  Affecté au 165e RI en 1913 dans la place forte de Montmédy.
    • Disparu à Murvaux le 29 août 1914

    Bel homme et coureur, il aurait été l'amant de la femme de son colonel !

      Un de ses amis, l'abbé Collot, a raconté ainsi ses derniers jours : "La bonne humeur et l'entrain du lieutenant n'ont pas cessé une seule minute, depuis la déclaration de guerre jusqu'au départ de la garnison, qui avait reçu l'ordre d'évacuer la place, le 26 août 1914 à l'approche des Allemands, et de se retirer sur Verdun, mais hélas ! beaucoup trop tard.
       Avant de partir, le lieutenant vint se confesser, il avait d'ailleurs l'habitude de le faire souvent. Il ne reçut pas ce jour-là la sainte communion, mais il l'avait faite quelques jours auparavant. Je l'ai encore sous les yeux au moment où les soldats sortirent de la citadelle. Il remontait le courage de tous, rassurait les timides et annonçait la défaite complète des Allemands. Il ne devait malheureusement pas la voir puisque, quelques heures après, nos soldats se jetaient en plein dans un gros contingent ennemi, dont les mitrailleuses firent des nôtres un grand carnage (Ils auraient chargé en tunique rouge et casoar à plumes blanches, l'uniforme de parade de Saint-Cyr, au sabre....).
      Le lieutenant SERVANTIE tomba le premier, car il marchait en tête de la colonne. Sa mort fut instantanée: le bon Dieu lui épargna les cruelles souffrances qu'endurèrent certains de ses compagnons d'armes. Quant à son corps, il reposa longtemps, comme celui de ses frères, à l'endroit même où il était tombé. Le commandant allemand les fit réunir tous, sans distinction de grade, dans une fosse commune située dans le cimetière de Brandeville.
    (Son sabre et son Képi se trouvent à Dinety chez Bernard Tandonnet).
    Les détails ci-dessus n'étonneront pas quand on saura que le lieutenant SERVANTIE, en mai 1914, avait profité d'une permission pour faire une retraite chez les Bénédictins de Solesmes, réfugiés en Belgique. "J'ai passé là trois jours de bonheur parfait écrivait-il à sa mère. Dans cette atmosphère de piété, la vie spirituelle devient intense et l'âme se rapproche de son Dieu. Ces joies divines ne peuvent s'exprimer..."
    Il en était revenu débordant d'une ferveur qui s'épanche dans sa correspondance et que la grandeur des événements ne pouvait qu'exalter.
    "Nous allons travailler pour la réalisation du plan divin, écrivait-il encore le 31 juillet 1914, comment ne serais-je pas joyeux ? Puisque nous comptons sur la reconstitution de notre famille au ciel, quelle que soit notre séparation, elle sera bien courte !... Faisons tout notre devoir !..."
    Admirable programme, qui a fait de son auteur un martyr du patriotisme.
    (arbre en ligne de aderriennvenard)

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    Citation: "Excellent officier d'une bravoure remarquable. Tombé glorieusement au Champ d'honneur en se portant à l'attaque de l'ennemi devant Murvaux."

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     Il repose à la Nécropole Nationale de Brandeville

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