• Il y a 100 ans, la Bande à Bonnot perdait ses têtes

    Il y a tout juste 100, le 21 avril 1913, le journal Le Petit Courrier (d'Angers) titrait:

     

     

     

    Gaston Farelicq fut policier à Paris pendant trente ans (à partir de 1896). Il participa -activement - au siège de Nogent -sur- Marne et à celui de Choisy- le- Roi. En outre, il participa à l'organisation de diverses exécutions capitales, notamment celles de ces trois membres de la bande à Bonnot, le 21 avril 1913, devant la prison de la Santé. De service au pied de l'échafaud, il raconte :

    « Le ciel était de plomb ce jour-là, pendant que Deibler et ses aides construisaient la sinistre machine. Soudain, il fut traversé d'une traînée lumineuse et les becs de gaz s'éteignirent un à un. 4h25. Un roulement. C'est la voiture qui arrive lentement sur le pavé et s'arrête devant la lugubre machine. Deibler descendu le premier la fait avancer un peu...........La double portière du fond s'ouvre. Et à la lueur falotte d'une lampe qui se balance au bout d'un bras on distingue, sur deux bancs latéraux qui se font face à face, d'un coté les aides, de l'autre les condamnés, au col largement échancré. Au fond, Monier, au milieu, Callemin, à l'autre Soudy, déja placés dans l'ordre de leur destin.

    Soudy s'avance le premier...........

    - Au revoir, camarades ! dit-il.

    - À tout à l'heure ! répond Monier.

    - Il fait froid, ajoute-t-il, d'une voix étouffée pendant qu'il descend.


    Mais il est saisi, précipité et le couteau tombe. Un coup d'éponge et on le remonte.

    C'est au tour de Callemin. Il gouaille : « C'est beau, l'agonie d'un homme. » Puis il se livre et son corps rejoint celui de Soudy dans le lugubre panier.

    Alors le dernier, Monier, le plus âgé, apparaît à son tour. Deux fois déjà il a entendu résonner la chute sinistre. Très maître de lui et phraseur jusqu'au bout, levant la tête et regardant bien en face ceux qui l'entourent il dit d'une voix
    nette :

    - Adieu à tous, Messieurs et à la société aussi.

    Puis au moment où il met le pied sur le premier échelon : « Au revoir ! ». C'est bien fini cette fois. Il est 4h52 ! Dans le panier c'est un mélange de trois corps et de trois têtes.

    La toilette de la machine s'opère pendant que l'abbé Geispitz, le vénérable aumonier, très èmu, raconte à voix basse que Soudy et Monier l'aimaient bien et lui avaient demandé de les accompagner à l'échafaud, tandis que Raymond la science, irréductible, avait accueilli ses pieuses exhortations par ces mots désenchantés : Hélas ! vie sans lendemain ! qui peuvent bien servir d'épitaphe à cette jeunesse disparue en quelques jours pour avoir écoutez les mauvais bergers et voulu la vivre sans frein ni loi, en dépensant contre la société dans des conditions spasmodiques des trésors de vitalité, d'énergie et d'audace dont elle eût pu leur être reconnaissante s'ils avaient été employés à son profit »

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    Soudy, Callemin et Monnier, sont les 5ème, 6ème et 7ème guillotinés sur le bd Arago, après l'arrêt des exécutions sur la place de la Roquette.

    Ils sont portés sur les « Carnets d'exécutions » d'Anatole Deibler avec la numérotation :
    162-66
    163-67
    164-68

    Source: guillotine.cultureforum.net

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